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HENRY VI.

SCÈNE II.
[L’hôtel du duc de Glocester.]
Entrent le duc de Glocester et la duchesse.
la duchesse.

— Pourquoi mon seigneur est-il ployé comme l’épi trop mûr — qui courbe la tête sous le fardeau exubérant de Cérès ? — Pourquoi le puissant duc Homphroy fronce-t-il le sourcil, — comme s’il faisait fi des faveurs de ce monde ? — Pourquoi tes yeux sont-ils fixés à la sinistre terre — dans une contemplation qui semble assombrir ton regard ? — Que vois-tu là ? Le diadème du roi Henry, — enchâssé dans tous les honneurs du monde ? — Si cela est, contemple-le toujours et rampe sur la face — jusqu’à ce qu’il cercle ta tête. — Étends ta main, atteins à l’or glorieux ! — Quoi ! ton bras est-il trop court ? Je l’allongerai du mien, — et, quand tous deux nous aurons enlevé la couronne, — tous deux nous redresserons la tête vers le ciel, — et dès lors nous ne ravalerons plus notre vue — jusqu’à accorder un clin d’œil à la terre.

glocester.

— Ô Nell, chère Neil, si tu aimes ton seigneur, — bannis le ver rongeur des idées ambitieuses. — Et puisse la première pensée hostile que je concevrais — contre mon roi et neveu, le vertueux Henry, — être mon dernier soupir en ce monde mortel ! — C’est mon mauvais rêve de cette nuit qui me rend triste.

la duchesse.

— Qu’a rêvé mon seigneur ? dis-le moi, et en retour — je te ferai le doux récit de mon rêve de la matinée.

glocester.

— Il m’a semblé que ce bâton, insigne de mon office à