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NOTES.

portèrent au roi son anneau, remettant l’affaire entre ses mains, selon l’usage reçu. Quand tous furent venus en présence du roi, Son Altesse, avec une sévère contenance, leur dit :

— Ah ! milords ! j’aurais cru mes conseillers plus sages que je ne les trouve aujourd’hui. Quel savoir-vivre y a-t-il de votre part à forcer le primat du royaume, un de vos collègues, à attendre à la porte de la chambre du conseil, parmi les gens de service ? Vous auriez pu considérer qu’il était conseiller aussi bien que vous, et vous n’aviez pas de moi mission de le traiter ainsi. J’avais consenti à ce que vous le jugeassiez comme un conseiller, et non comme un vil sujet. Mais je vois maintenant qu’on agit malicieusement contre lui ; et si quelques-uns d’entre vous avaient pu faire à leur guise, vous lui auriez imposé les plus extrêmes épreuves. Mais je fais tout à bon escient, et je proteste que, si un prince peut être redevable à son sujet, par la foi que je dois à Dieu, je regarde l’homme que voici, milord de Cantorbéry, comme celui de nos sujets qui nous est le plus fidèle, comme celui auquel nous devons le plus, tout en lui accordant d’ailleurs les plus grands mérites.

» Et sur ce, un ou deux des principaux conseillers déclarèrent pour s’excuser que, en réclamant l’emprisonnement de l’archevêque, ils avaient plutôt l’intention de le défendre par son procès contre les calomnies du monde que de lui porter aucun préjudice.

— Bon, bon, milords, dit le roi, accueillez-le et traitez-le bien comme il est digne d’être traité, et ne faites plus d’embarras.

» Et sur ce, chacun serra la main de l’archevêque. »

(75) Au temps de Shakespeare, l’usage voulait que les parrains offrissent des cuillers à l’enfant baptisé. On appelait ces cuillers cuillers des apôtres, parce que la figure d’un des apôtres était généralement sculptée sur le manche. Dans la Foire de Saint-Barthélémy, Ben Jonson mentionne cet usage : « et tout cela, dit un des personnages, dans l’espoir d’avoir un couple de cuillers d’apôtres ! »

(76) Le Jardin de Paris, situé le long de la Tamise, dans la paroisse de Southwark, était une arène où se livraient les combats de taureaux et d’ours. La reine Élisabeth avait mis à la mode ces spectacles féroces, en assistant elle-même, un jour de grand gala, à une représentation extraordinaire qui lui fut donnée peu de temps après son accession au trône. Le Jardin de Paris était situé tout près du théâtre de Globe, et bien des fois les hurlements des animaux éventrés