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SCÈNE XV.

nos voisins de la haute Allemagne ; — lamentable leçon encore fraîche à nos mémoires !

cranmer.

— Mes bons lords, jusqu’ici, dans tout le cours — de ma vie et de ma carrière, j’ai tâché, — et ce n’a pas été sans efforts, que mes enseignements — et les actes de ma puissante autorité — allassent de front dans une voie sûre dont le but — fût toujours le bien. Il n’existe pas — (je parle en toute sincérité, milords) — un homme qui, dans sa conscience et dans l’exercice de ses fonctions, — déteste et combatte plus — que moi les perturbateurs de la paix publique. — Fasse le ciel que le roi ne trouve jamais un cœur — moins fidèle ! Les hommes qui — se nourrissent d’envie et de malice tortueuse — osent mordre les plus vertueux. Je demande instamment à Vos Seigneuries — que, dans cette cause, mes accusateurs, — quels qu’ils soient, soient confrontés avec moi, — et déposent ouvertement contre moi.

suffolk.

Non, milord, — cela ne se peut pas ; vous êtes conseiller, — et, comme tel, nul n’osera vous accuser.

gardiner.

— Milord, comme nous avons des affaires plus importantes, — nous serons brefs avec vous. La volonté de Son Altesse, — d’accord avec notre avis, est que, pour garantir l’équité de l’instruction, — vous soyez d’ici même transféré à la Tour. — Là, redevenu simple particulier, — vous verrez se produire hardiment contre vous nombre d’accusateurs, — plus que vous n’en attendez, je le crains.

cranmer.

— Ah ! mon bon lord de Winchester, merci ! — Vous êtes toujours mon excellent ami ; si l’on vous laisse faire, — je trouverai dans Votre Seigneurie à la fois un juré et un juge, — tant vous êtes miséricordieux. Je vois votre but, — c’est ma ruine. L’amour et la douceur, milord, — con-