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SCÈNE XIII.

mas. Vous êtes un gentilhomme — dans mes idées ; je vous sais sage, religieux. — Eh bien, laissez-moi vous le dire, ça n’ira jamais bien. — Non, sir Thomas Lovell, croyez-moi, ça n’ira pas, — tant que Cranmer, Cromwell, les deux bras de cette femme, et elle — ne dormiront pas dans leurs tombeaux.

lovell.

Vous parlez là, monsieur, des deux personnages — les plus remarqués du royaume. Quant à Cromwell, — outre qu’il a la garde des joyaux, il est fait maître — des rôles et secrétaire du roi ; et puis, monsieur, — il est sur la voie de dignités nouvelles — que le temps lui conférera. L’archevêque — est le bras du roi et son organe. Et qui oserait dire — une syllabe contre lui ?

gardiner.

Oui, oui, sir Thomas, — il y en a qui osent ; et moi-même je me suis aventuré — à dire mon opinion sur lui ; et en effet, aujourd’hui même, — monsieur, je puis vous le dire, je crois — avoir inculqué aux lords du conseil la conviction que cet homme est — (car je sais qu’il l’est, et ils le savent aussi) — un archihérétique, une peste — qui infecte le pays. Tout émus, — ils s’en sont ouverts au roi ; et le roi, du haut de sa grâce — et de sa sollicitude princière, pressentant les terribles dangers — que nos raisons lui indiquaient, a prêté — l’oreille à nos plaintes, et commandé — qu’il fût cité demain matin — devant le conseil. C’est une plante malfaisante, sir Thomas, — et il faut la déraciner. Vos affaires vous réclament, — je vous retiens trop longtemps : bonne nuit, sir Thomas.

lovell.

— Mille bonnes nuits, milord ; je reste votre serviteur.

Gardiner sort avec son page.