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SCÈNE XII.

faible — qu’il ne pouvait tenir en selle sur sa mule (70).

catherine.

Hélas ! pauvre homme !

griffith.

— Enfin, à petites journées, il arriva à Leicester, — et alla loger à l’abbaye. Là, le révérend abbé, — avec tout son couvent, l’ayant accueilli honorablement, — il lui adressa ces paroles : Ô père abbé, — un vieillard, brisé par les tempêtes de l’État, — est venu déposer parmi vous ses os fatigués ; — par charité, donnez-lui un peu de terre ! — Sur ce, il se mit au lit, où sa maladie — fit des progrès rapides ; et, la troisième nuit, — vers la huitième heure, que lui-même — avait prédit devoir être sa dernière, plein de repentir, — dans un complet recueillement, dans les larmes et la douleur, — il rendit ses dignités au monde, — son âme bien heureuse au ciel, et s’endormit en paix.

catherine.

— Qu’il repose de même ; que ses fautes lui soient légères ! — Mais permets-moi, Griffith, de dire de lui ce que je pense, — sans manquer pourtant de charité. C’était un homme — d’un orgueil sans bornes, se mettant — lui-même au rang des princes, un homme qui par ses extorsions — pressurait tout le royaume. La simonie était pour lui franc jeu. — Sa propre opinion était sa loi ; en face de l’évidence — il disait le mensonge ; il était toujours double — et dans ses paroles et dans ses intentions. Jamais — il ne montrait de pitié qu’à ceux dont il projetait la ruine. — Ses promesses étaient ce qu’il était alors, magnifiques ; — mais l’exécution était ce qu’il est aujourd’hui, néant. — Il était vicieux de sa personne, et donnait — au clergé un mauvais exemple (71).

griffith.

Ma noble dame, — les défauts des hommes vivent sur le bronze ; leurs vertus, — nous les inscrivons dans