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HENRY VIII.

de bien, de celle enfin — qui, au moment où le coup le plus rude de la fortune la frappera, — bénira encore le roi ! N’est-ce pas là une œuvre pie ?

le lord chambellan.

— Dieu me garde de pareilles machinations ! il est bien vrai — que cette nouvelle est partout ; toutes les bouches la répètent, — et tous les cœurs honnêtes la déplorent. Quiconque ose — approfondir cette affaire en voit l’objet suprême, — la sœur du roi de France. Le ciel ouvrira un jour — les yeux du roi, restés si longtemps fermés — sur cet audacieux méchant.

suffolk.

Et nous affranchira de son oppression.

norfolk.

— Nous avons grand besoin de prier, — et avec ferveur, pour notre délivrance : — ou cet homme impérieux, de princes que nous sommes, — nous fera pages. Toutes les dignités humaines — sont entassés devant lui en un monceau unique qu’il façonne — à sa guise.

suffolk.

Pour moi, milords, — je ne l’aime ni ne le crains : voilà ma profession de foi. — Comme il ne m’a pas fait ce que je suis, je resterai tel, — s’il plaît au roi : ses malédictions et ses bénédictions — me touchent également : ce sont autant de paroles auxquelles je ne crois pas. — Je l’ai connu et je le connais ; aussi je l’abandonne — à celui qui l’a fait si superbe, le pape !

norfolk.

Entrons, — et, par quelque occupation nouvelle, distrayons le roi — de ces tristes idées qui agissent trop sur lui… — Milord, vous nous accompagnerez ?

le lord chambellan.

Excusez-moi. — Le roi m’a envoyé ailleurs : en outre, —