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SCÈNE III.

brent la cour de leurs querelles, de leur verbiage et de leurs tailleurs.

le lord chambellan.

— J’en suis bien aise ; maintenant je prierai nos messieurs — d’admettre qu’un homme de cour anglais peut être sensé, — sans avoir jamais vu le Louvre.

lovell.

Il faut maintenant — (telles sont les injonctions de l’édit) qu’ils jettent au rebut — les plumes folles qu’ils ont rapportées de France, — ainsi que tous les honorables us de la niaiserie — adoptés en outre, tels que duels et feux d’artifice ; — qu’ils cessent d’insulter des gens qui valent mieux qu’eux — du haut de leur pédanterie exotique ; qu’ils renoncent tout net — à leur culte pour le jeu de paume, les longues chausses, — les culottes courtes à crevés, et tous ces échantillons de voyage, — et qu’ils se tiennent de nouveau comme d’honnêtes gens ; — sinon, ils devront plier bagage et rejoindre leurs anciens compagnons de folie ; là, je suppose, — ils pourront, cum privilégio, user — ce qui leur reste d’extravagance, et faire rire d’eux.

le lord chambellan.

— Il est temps de leur appliquer le remède, leur maladie — est devenue si contagieuse !

lovell.

Quelle perte nos dames — vont faire de ces pimpants vaniteux !

le lord chambellan.

Oui, morbleu, — il y aura de vrais chagrins, milord. Ces madrés fils de putains — ont une recette prompte pour faire glisser les dames : — une chanson française et un violon ! il n’y a rien de tel.

sands.

— Au diable leur violon ! Je suis charmé qu’ils s’en aillent, — car, à coup sûr, il n’y a pas moyen de les convertir.