— Je vais me poster au haut de la côte, en sorte que nous puissions tirer tous deux.
— Ça ne se peut pas ; le bruit de ton arbalète — effarouchera la bande, et mon coup sera perdu — Embusquons-nous tous deux ici, et visons le plus beau ; — et, pour que le temps ne te semble pas trop long, — je te conterai ce qui m’est arrivé un jour, — à cette même place où nous allons nous embusquer.
— Voici un homme qui vient : attendons qu’il soit passé.
— Je me suis dérobé de l’Écosse par pur amour de la patrie, — pour saluer mon pays d’un sympathique regard. — Non, Harry, Harry, ce pays n’est plus à toi. — Ta place est occupée, ton sceptre est arraché de tes mains, — le baume dont tu étais oint est effacé. — Désormais nul genou plié ne te proclamera César, — nul humble solliciteur ne s’empressera pour t’exposer ses droits ; — non, nul ne viendra te demander justice, — car comment pourrais-tu aider autrui, ne pouvant t’aider toi-même ?
— Eh ! voici un daim dont la peau est une fortune pour un garde-chasse ; — c’est le ci-devant roi ; saisissons-le.
— Embrassons cette amère adversité ; — car les sages disent que c’est le parti le plus sage.
— Pourquoi hésitons-nous ? mettons la main sur lui.
— Attends un peu ; nous allons l’écouter encore.