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SCÈNE VI.

en fusion la trempe nécessaire — pour défendre ton bien et le transmettre à ton fils !

le roi henry.

— Clifford s’est montré parfait orateur, — en invoquant des arguments d’une grande force. — Mais, Clifford, dis-moi, n’as-tu jamais ouï dire — qu’un bien mal acquis ne profite jamais ? — Est-il toujours heureux le fils — dont le père a gagné l’enfer à force de thésauriser (38) ? — Je léguerai à mon fils mes bonnes actions ; — et plût au ciel que mon père ne m’eût rien légué de plus ! — Car tous les autres biens s’achètent à trop haut prix : on a mille fois plus de peine à les conserver — que de plaisir à les posséder. — Ah ! cousin York ! si tes meilleurs amis savaient — combien je suis désolé que ta tête soit là !

la reine marguerite.

— Milord, relevez vos esprits ; nos ennemis sont proches, — et la mollesse de votre courage fait fléchir vos partisans. — Vous avez promis la chevalerie à notre fils précoce ; dégainez votre épée, et armez-le sur-le-champ. — Édouard, à genoux !

le roi henry.

— Édouard Plantagenet, relève-toi chevalier, — et retiens cette leçon, tire l’épée pour le droit.

le prince de galles.

— Mon gracieux père, avec votre royale permission, — je la tirerai comme héritier présomptif de la couronne, — et dans cette querelle je l’emploierai jusqu’à la mort.

clifford.

— Eh ! c’est parler en prince capable.


Entre un Messager.
le messager.

— Chefs royaux, tenez-vous prêts : — car, à la tête d’une bande de trente mille hommes, — Warwick s’avance ap-