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HENRY VI.

moi, — as-tu, au mépris de ton serment sacré d’allégeance, — levé des forces si considérables sans sa permission, — et oses-tu les amener si près de la cour ?

york, à part.

— Je puis à peine parler, si grande est ma colère ! — Oh ! je pourrais pourfendre des rochers et combattre la pierre, — tant je suis courroucé par ces paroles abjectes ! — Je pourrais, comme Ajax, fils de Télamon, — assouvir ma fureur sur des moutons ou des bœufs ! — Je suis beaucoup mieux né que le roi ; — j’ai plus l’air d’un roi, j’ai des pensées plus royales que lui ; — mais il faut que j’affecte quelque temps encore la sérénité, — oui, jusqu’à ce que Henry soit plus faible et moi plus fort (28).

Haut.

— Ô Buckingham, pardonne-moi, je te prie, — d’être resté si longtemps sans te répondre. — Mon esprit était en proie à une profonde mélancolie. — La cause pour laquelle j’ai amené ici cette armée, — la voici : c’est pour éloigner du roi l’altier Somerset, — traître envers Sa Grâce et envers l’État.

buckingham.

C’est trop de présomption de ta part. — Mais, si ta prise d’armes n’a pas d’autre but, — le roi a déjà accédé à ta demande : le duc de Somerset est à la Tour.

york.

— Sur ton honneur, est-il prisonnier ?

buckingham.

— Sur mon honneur, il est prisonnier.

york.

— Eh bien, Buckingham, je licencie mes troupes… — Soldats, je vous remercie tous ; dispersez-vous ; — venez me rejoindre demain aux prés de Saint-Georges, là vous aurez votre paie et tout ce que vous désirez. — Mon souverain, le vertueux Henry, — n’a qu’à réclamer mon fils aîné,