Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 13.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
SCÈNE XVII.


Entre un Messager.
le messager.

Milord, une prise, une prise ! voici lord Say, celui qui vendait les villes en France, celui qui nous a fait payer, au dernier subside, vingt et un quinzièmes, et un shilling par livre sterling.


Entre George Bévis, amenant lord Say.
cade.

Eh bien, il sera décapité dix fois pour ça ! Ah ! Say, c’est toi, c’est toi, serge, c’est toi, lord de bougran. Te voilà sous le coup de notre juridiction royale. Qu’as-tu à répondre à Ma Majesté pour avoir abandonné la Normandie à monsieur Basimecu, le Dauphin de France ? Apprends donc en cette auguste présence, en présence de lord Mortimer lui-même, que je suis le balai qui doit débarrasser la cour d’immondices comme toi. Tu as fort traîtreusement corrompu la jeunesse du royaume, en érigeant une école de grammaire. Nos pères n’avaient jadis d’autres livres que la marque et la taille ; toi, tu as fait employer l’imprimerie, et, au mépris du roi, de sa couronne et de sa dignité, tu as bâti un moulin à papier. Il sera prouvé à ta face que tu as près de toi des gens qui parlent habituellement de noms, de verbes, et autres mots abominables qu’une oreille chrétienne ne saurait endurer. Tu as établi des juges de paix, pour citer devant eux les pauvres gens à propos de choses sur lesquelles ils n’étaient pas en état de répondre. En outre, tu les as mis en prison, et, parce qu’ils ne savaient pas lire, tu les as pendus, quand c’était justement pour ça qu’ils étaient dignes de vivre. Tu montes un cheval caparaçonné, n’est-ce pas ?

say.

Eh bien, après ?

cade.

Morbleu, tu ne devrais pas faire porter un manteau à