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HENRY VI.

hison envers mon souverain. — Qui peut m’accuser ? En quoi suis-je coupable ?

york.

— On croit, milord, que vous vous êtes laissé corrompre par la France, — et qu’étant protecteur, vous avez retenu la paie des soldats : — ce qui fait que son Altesse a perdu la France.

glocester.

— Voilà ce qu’on croit ! qui sont ceux qui le croient ? — Jamais je n’ai dérobé leur paie aux soldats, — ni reçu une obole de la France. — Que Dieu me refuse son aide, s’il n’est pas vrai que je passais les nuits, — oui, les nuits après les nuits, à travailler pour le bien de l’Angleterre ! — Puisse le liard dont j’aurais frustré le roi, — puisse le denier que j’aurais détourné pour mon usage, — être produit contre moi au jour de mon jugement ! — Non ! maintes fois de ma propre bourse, — ne voulant pas taxer les communes appauvries, — j’ai donné de l’argent pour la solde des garnisons, — et je n’ai jamais demandé de restitution.

le cardinal.

— Tout cela vous est bon à dire, milord.

glocester.

— Je ne dis que la vérité, Dieu m’en est témoin !

york.

— Pendant votre protectorat, vous avez inventé — contre les condamnés des supplices étranges et inouïs, — en déshonorant l’Angleterre par la tyrannie.

glocester.

— Eh ! l’on sait bien que, tant que j’ai été protecteur, — la pitié a été mon seul tort. — Car je m’attendrissais aux larmes du coupable, — et quelques mots repentants étaient pour moi la rançon de ses fautes. — À moins que ce ne fût un meurtrier sanguinaire, — ou un brigand affreusement criminel ayant dévalisé de pauvres passants, — jamais je ne