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INTRODUCTION.


I

Durant le mois d’août 1594, un homme d’environ quarante ans, attaqué d’une hydropisie incurable, se mourait lentement sur un grabat dans l’arrière-boutique d’un cordonnier, près de Dowgate, à Londres. Il avait près de lui du papier, une plume et de l’encre, et de temps à autre il se redressait par un effort fébrile pour griffonner quelques pages. Il écrivait sa propre histoire, sous forme de confession. Pour peu qu’elle fût exacte, cette autobiographie in extremis ne pouvait manquer d’être intéressante. L’homme avait beaucoup parcouru le monde ; il avait fait un peu de tous les métiers ; il avait été successivement professeur, prédicateur, ministre protestant, auteur dramatique, poëte lyrique, romancier, pamphlétaire, bateleur, escroc, filou et ruffian. Certes c’était une piteuse histoire que le récit de cette dégradation.

Robert Greene avait commencé la vie par le travail, la foi et l’amour. Maître ès arts aux deux universités de Cambridge et d’Oxford, pasteur de l’église de Tollesbury, en Essex, il avait tout jeune épousé une toute jeune fille