Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terme de sa tâche quand, au milieu d’un chœur final, une soudaine inspiration lui dicta les vers suivants :

But now behold,
In the quick forge and workinghouse of thought,
How London doth pour out her citizens !
The mayor and all bis brethren, in best sort,
Like to the senators of the antique Rome,
With the plebeians swarming at their heels,
Go forth and fetch their conquering Cæsar in :
As, by a lower but by loving likelihood,
Were now the general of our gracious empress
(As in good time he may) from Ireland coming,
Bringing rebellion broached on his sword,
How many would the peaceful city quit
To welcome him !


Mais voyez maintenant,
Dans la rapide forge, dans l’atelier de la pensée,
Comme Londres verse à flots ses citoyens !
Le maire et tous ses confrères, dans leur plus bel attirail,
Tels que les sénateurs de l’antique Rome,
Ayant à leurs talons un essaim de plébéiens,
Vont chercher leur triomphant César.
Ainsi (rapprochement plus humble, mais bien sympathique),
Si le général de notre gracieuse impératrice
Revenait d’Irlande, comme il le pourrait quelque heureux jour,
Ramenant la rébellion passée au fil de son épée,
Quelle foule quitterait la paisible cité
Pour l’acclamer au retour !

Les critiques anglais, ordinairement si curieux de tout ce qui intéresse Shakespeare, ont gardé le plus discret silence sur ces vers significatifs adressés par l’auteur de Henry V au comte d’Essex, presque à la veille de l’insurrection de 1601. Pourtant, s’il est dans l’œuvre du poëte un passage digne d’être noté, étudié, discuté, commenté, approfondi, c’est assurément celui-là. Car là, peut-être, dans ces lignes si courtes, se trouve le mot de l’énigme qui jusqu’ici a été le désespoir et la confusion des biographes, — la personnalité de Shakespeare. Là peut-