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SCÈNE III.

tous.

Adieu.

Ils sortent.

SCÈNE III.
[Rome. Dans la maison de Volumnie.]
Entrent Volumnie et Virgilie ; elles s’assoient sur deux petits tabourets et cousent (4).
volumnie.

Je vous en prie, ma fille, chantez, ou exprimez-vous avec moins de découragement. Si mon fils était mon mari, je trouverais une jouissance plus vive dans cette absence où il gagne de l’honneur que dans les embrassements du lit nuptial où il me prouverait le plus d’amour. Alors que ce fils unique de mes entrailles était tout délicat, et que son adolescence, à force de grâce, attirait sur lui tous les regards ; quand, suppliée tout un jour par un roi, une autre mère n’aurait pas consenti à céder pour une heure la joie de le voir, je pensai, moi, qu’une telle beauté voulait être achevée par l’honneur et ne vaudrait guère mieux qu’un portrait pendu au mur, si la gloire ne l’animait pas, et je me plus à lui faire chercher le danger là où il pouvait trouver le renom. Je l’envoyai à une guerre cruelle, dont il revint le front couronné de chêne (5). Je te le déclare, ma fille, au moment où j’appris que j’avais mis au monde un enfant mâle, je n’étais pas plus frémissante de joie qu’au jour où, pour la première fois, je vis que cet enfant s’était montré un homme.

virgilie.

Mais s’il était mort dans cette affaire, madame ?

volumnie.

Alors son bon renom aurait été mon fils et j’y aurais