— Voyez, sire ! voici le pieux Edgar qui arrive, — amenant son père aveuglé. Ô mon souverain, — le récit de sa merveilleuse aventure mérite bien votre loisir : — que de choses il a faites et souffertes par dévouement pour vous et pour la belle Cordélia !
— Où est mon souverain ? Conduisez-moi à ses genoux pour que je salue — la renaissance de son empire. Mon cher Edgar — m’a révélé, en se révélant lui-même, l’heureuse restauration du roi.
— Mon pauvre ténébreux Glocester !
— Oh ! laissez-moi baiser encore une fois cette main porte-sceptre.
— Arrête, tu te trompes de Majesté ; agenouille-toi ici : — Cordélia a notre toute-puissance, Cordélia est reine. — Parle, est-ce là Edgar, cette noble victime !
— Mon fils pieux, qui m’est plus cher que mes yeux perdus !
— Je lui ai fait tort ; mais voici une belle réparation.
— Votre autorisation, mon souverain, pour un triste message. — Edmond a expiré, mais peu importe. — Ce qui vous touche davantage, c’est que vos impérieuses filles, — Goneril et la hautaine Régane, sont mortes toutes deux, empoisonnées l’une par l’autre dans un banquet ; — c’est ce qu’elles ont avoué en mourant.
— Oh ! fatal achèvement d’une vie mal employée !
— Si ingrates qu’elles fussent, mon cœur — se serre encore devant leur chute misérable. — Mais, Edgar, je retarde trop longtemps ton bonheur. — Malheureuse, tu servis Cordélia ; épouse-la, couronnée ; — la grâce impériale vient de s’épanouir sur son front. — Eh ! Glocester, tu as ici le droit d’un père : — que ta main m’aide à accumuler les bénédictions sur leurs têtes.