— Présomptueux roi de Gaule, comment oses-tu — pénétrer sur notre côte bretonne ? — Et, pis que cela, prendre nos villes de force — et enlever à leur vrai roi les cœurs de nos sujets ? — Soyez sûr que vous le payerez cher : — votre présomption va vous coûter la vie.
— Téméraire Cornouailles, sache que nous sommes venus pour défendre le droit — et venger le roi outragé, — que ses filles, cruelles vipères, — ont tenté d’assassiner et de priver de la vie. — Mais Dieu l’a protégé contre leur acharnement, — et nous voici venus pour revendiquer son droit.
— Ni toi ni lui n’avez ici de titre ; — vous ne pourrez rien y acquérir ni y gagner que par la force. — Ces injures que tu déverses sur nos nobles et vertueuses épouses, — nous te les renverrons par la gorge sur le champ de bataille, — à moins que, par crainte de nos bras vengeurs, — tu ne t’enfuies sur la mer, étant trop exposé sur terre.
— Gallois, je vais vous étriller pour ce mot-là de telle sorte — que, d’ici à un an, vous n’aurez pas envie de recommencer vos fanfaronnades.
— Ils en ont menti, ceux qui disent que nous avons attenté aux jours de notre père !
— C’est une calomnie forgée par besoin d’un prétexte — et pour donner couleur à votre invasion. — Il me semble qu’un vieillard prêt à mourir — devrait rougir d’imaginer un si noir mensonge.
— Fi, sœur impudente, dépourvue de grâce au point — de dire en face à notre père qu’il est un menteur !
— Silence, puritaine ! perfide hypocrite ! — Ta bonté sera reconnue bientôt pour la perversité même. — Tout à l’heure, quand je vous tiendrai entre mes mains, — je vous ferai souhaiter d’être en purgatoire.
— Silence, monstre ! opprobre de ton sexe ! — démon sous les traits d’une créature humaine !