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CORIOLAN ET LE ROI LEAR.

(73) « Sous ce mince cimier ! » L’édition de 1623 retranche cet hémistiche et les trois vers qui précèdent.

(74) Après avoir vu cette scène merveilleuse où Lear retrouve définitivement sa fille, le lecteur sera sans doute curieux de connaître la scène qui y correspond dans le drame anonyme antérieur au drame de Shakespeare. La voici, fidèlement traduite :


[Une plage au bord de la mer.]


Entrent le Roi et la Reine de Gaule, suivis de Monfort qui porte un panier. Tous trois sont vêtus comme des gens de la campagne.
le roi.

— Cette pénible excursion à pied, ma bien-aimée, — ne saurait être agréable à vos jambes délicates — qui n’ont pas été habituées à ces fatigantes promenades.

cordella.

— Jamais de ma vie je n’ai pris plaisir — à une excursion plus qu’à celle-ci. — Approchez, Roger, avec votre panier.

monfort.

— Tout doux, madame ! Voici venir un couple de vieux jouvenceaux, — pour me ragaillardir ; j’ai besoin de plaisanter avec eux.


Entrent Leir et Perillus, d’un pas défaillant.
cordella

— Non, n’en fais rien, je te prie ! Ils semblent — être accablés par la douleur et la misère. — Rangeons-nous et écoutons ce qu’ils vont dire.

Le roi de Gaule, Cordella et Monfort s’écartent.
leir.

— Ah ! mon Perillus, je vois maintenant que tous deux — nous finirons nos jours sur ce sol stérile. — Oh ! je succombe d’inanition, — et je sais que ton cas n’est guère meilleur. — Pas un arbre secourable qui nous offre un fruit — pour nous soutenir jusqu’à ce que nous rencontrions des hommes ; — pas un heureux sentier qui conduise nos pas malheureux — à quelque asile où nous trouvions secours ! — Qu’une douce paix soit accordée à nos âmes élues ! — Car je vois que nos corps doivent périr ici.

perillus.

— Ah ! mon cher seigneur, combien mon cœur se lamente — de vous voir réduit à cette extrémité ! — Oh ! si vous m’aimez comme