Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 9.djvu/427

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
425
NOTES.

(41) Howell, dans son Dictionnaire des proverbes anglais, explique ainsi ce dicton : « Passer d’un ciel tolérable sous un soleil brûlant, c’est quitter le bien pour le pire. » Kent entend dire ici que Lear va trouver chez Régane un accueil pire que chez Goneril.

(42) Les mendiants de Bedlam (Bedlam beggars) étaient des lunatiques qui avaient été effectivement enfermés dans l’hôpital de Bedlam, mais qui, soit qu’ils parussent suffisamment guéris, soit que les fonds manquassent pour les nourrir plus longtemps, avaient été renvoyés de l’hospice avec licence de mendier. Ces malheureux excitaient partout la sympathie ; et c’est pourquoi beaucoup de vagabonds, qui voulaient exploiter la charité publique, assumaient leur costume et contrefaisaient leur démence. Decker, dans son Sonneur de Londres (1608), décrit ainsi un de ces truands : « Il jure qu’il a été à Bedlam, et parle tout exprès un jargon de frénétique : vous voyez des épingles enfoncées dans maintes parties de sa chair nue, et il s’inflige volontiers cette douleur pour vous faire croire qu’il n’a pas son bon sens. Il se donne le nom de pauvre Tom, et, en s’approchant des passants, s’écrie : Pauvre Tom a froid. »

(43) Cette courte affirmation de Lear et la réplique de Kent ont été raturées du texte de l’in-folio.

(44) Hysterica passio. Shakespeare avait trouvé dans un document contemporain le nom de la maladie mystérieuse dont le roi Lear sent ici les premières attaques. Un pamphlet, publié en 1603 par le docteur Samuel Harsnet, sous ce titre : Révélation des impostures papistes, attribue la même maladie à l’un des démoniaques que le jésuite Weston prétendait guérir par ses exorcismes :

« Richard Maynie avait eu, dès sa jeunesse, des accès d’hysterica passio. Étant en France, il consulta un docteur écossais, résidant à Paris, qui appelait cette affection vertiginem capitis… Elle est produite par des vents au fond du ventre, et, se manifestant par un grand gonflement, cause une colique très-douloureuse dans l’estomac et un étourdissement extraordinaire dans la tête. » Pages 25 et 26.