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NOTES.

requéraient, et qu’on relâchât un peu la trop raide sévérité des lois ; les autres maintinrent le contraire, entre lesquels fut Martius, alléguant que le pis qui fût en cela n’était pas la perte d’argent que viendraient à souffrir ceux qui en avaient prêté, mais que c’était un commencement de désobéissance et un essai de l’insolence et audace d’une commune qui voulait abolir les lois et mettre tout en confusion, pourtant que le Sénat, s’il était sage, devait pourvoir à l’éteindre de bonne heure et amortir dès son commencement. Le Sénat fut en peu de jours assemblé par plusieurs fois là-dessus, sans que toutefois il y eût résolution quelconque. » (Vie de Coriolan, traduite de Plutarque, par Amyot.)

(3) « Ce que voyant, les pauvres et menues gens se bandèrent un jour ensemble, et s’entredonnant courage les uns aux autres, abandonnèrent la ville et s’allèrent planter dessus une motte qui s’appelle aujourd’hui le Mont-Sacré, le long de la rivière du Téveron, sans faire violence quelconque ni autre démonstration de mutinement, sinon qu’ils allaient criant que de longue main aussi bien les riches les avaient chassés de la ville, et que par toute l’Italie ils trouveraient de l’air et de l’eau et lieu pour se faire enterrer, et qu’aussi bien demeurant à Rome, ils n’avaient rien d’avantage, sinon qu’ils étaient blessés et tués en continuelles guerres et batailles qu’ils soutenaient pour défendre l’opulence des riches.

Le Sénat eut peur de ce département, et envoya devers eux les plus gracieux et les plus populaires vieillards qui fussent en toute leur compagnie, entre lesquels Ménénius Agrippa fut celui qui porta la parole, et après plusieurs raisons franchement remontrées et plusieurs prières doucement exposées à ce peuple de la part du Sénat, finalement il termina sa harangue par une fable assez notoire, leur disant : « Que tous les membres du corps humain se mutinèrent un jour contre le ventre, en l’accusant et se plaignant de ce que lui seul demeurait assis au milieu du corps sans rien faire, ni contribuer de son labeur à l’entretenement com-