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LE ROI LEAR.

albany.

Peu importe ici… — Seigneurs, nobles amis, apprenez nos intentions.

Montrant Lear.

— Toutes les consolations qui peuvent venir en aide à cette grande infortune — lui seront prodiguées. Pour nous, nous voulons, — sa vie durant, remettre à l’auguste vieillard — notre pouvoir absolu…

À Edgar et à Kent.

Vous, vous recouvrerez tous vos droits, — avec le surcroît de dignités que votre honorable conduite — a plus que mérité… À tous les amis sera offerte — la récompense de leur vertu ; à tous les ennemis, — la coupe de l’expiation… Oh ! voyez, voyez !

lear.

— Ainsi, ma pauvre folle est étranglée !… Non, non, plus de vie !… — Pourquoi un chien, un cheval, un rat ont-ils la vie, — quand tu n’as même plus le souffle ? Oh ! tu ne reviendras plus ! — jamais, jamais, jamais, jamais, jamais !… — Défaites-moi ce bouton, je vous prie. Merci, monsieur ! — Voyez-vous ceci ? Regardez-la, regardez… ses lèvres ! — Regardez, là ! Regardez, là !

Il expire.
edgar.

— Il s’évanouit… Monseigneur, monseigneur !

kent.

— Cœur, brise-toi ! brise-toi, je te prie.

edgar, penché sur le roi.

Ouvrez les yeux, monseigneur.

kent.

— Ne troublez pas son âme… Oh ! laissez-le partir ! C’est le haïr — que vouloir sur la roue de cette rude vie — l’étendre plus longtemps.