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LE ROI LEAR.

le médecin.

Plaît-il à Votre Majesté — que nous éveillions le roi ? Il a dormi longtemps.

cordélia.

— N’obéissez qu’à votre art, et procédez — selon les prescriptions de votre propre volonté. Est-il habillé ?

un gentilhomme.

— Oui, madame ; grâce à la pesanteur de son sommeil, — nous avons pu lui mettre de nouveaux vêtements.

le médecin.

— Soyez près de lui, bonne madame, quand nous l’éveillerons ; — je ne doute pas qu’il ne soit calme.

cordélia.

Fort bien.

le médecin.

— Je vous en prie, approchez.

Cordélia s’approche du lit.

Plus haut, la musique (72) !

cordélia, penchée sur son père.

— Ô mon père chéri !… Puisse la guérison suspendre — son baume à mes lèvres, et ce baiser — réparer les lésions violentes que mes deux sœurs — ont faites à ta majesté !

kent.

Bonne et chère princesse !

cordélia.

— Quand vous n’auriez pas été leur père, ces boucles blanches — auraient dû provoquer leur pitié. Cette tête était-elle faite — pour être exposée aux vents ameutés, — pour lutter contre le tonnerre redoutable et profond — en dépit du terrible feu croisé — des rapides éclairs, pour veiller, pauvre sentinelle perdue, — sous ce mince cimier (73) ?

Elle montre les cheveux blancs de son père.

Le chien de mon ennemie, — quand il m’aurait mordue, serait cette nuit-là resté — au coin de mon feu ! Et tu as