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SCÈNE X.

— les intrigues hostiles des ducs, — le dur traitement que tous deux ont infligé — au vieux roi, et le mal profond — dont tous ces faits ne sont peut-être que les symptômes (50). — Ce qui est certain, c’est qu’une armée française arrive — dans ce royaume divisé. Déjà, — forte de notre incurie, elle a secrètement débarqué — dans plusieurs de nos meilleurs ports, et elle est sur le point — d’arborer ouvertement son étendard… Maintenant je m’adresse à vous. — Si vous avez confiance en moi, — partez vite pour Douvres ; vous y trouverez — quelqu’un qui vous remerciera, quand vous aurez fait le fidèle récit — des souffrances surhumaines et folles — dont le roi a à gémir. — Je suis un gentilhomme de race et d’éducation, — et c’est en connaissance de cause que je vous propose — cette mission.

le chevalier.

— Nous en reparlerons.

kent.

Non, assez de paroles. — Pour vous convaincre que je suis plus — que je ne parais, ouvrez cette bourse, et prenez — ce qu’elle contient. Si vous voyez Cordélia, — et je ne doute pas que vous ne la voyiez, montrez-lui cet anneau ; — elle vous dira ce que vous ne savez pas, le nom de votre compère… Maudite tempête ! — je vais chercher le roi.

le chevalier.

— Donnez-moi votre main. N’avez-vous rien à ajouter ?

kent.

— Il me reste peu à dire, mais à faire plus que je n’ai fait encore. — Tâchons de trouver le roi ; cherchez — par ici, moi par là. Le premier qui le découvrira — appellera l’autre.

Ils se séparent.