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LE ROI LEAR.

fille — ne nous est rien, et jamais nous ne reverrons — son visage.

À Cordélia.

Pars donc, — sans nos bonnes grâces, sans notre amour, sans notre bénédiction… — Venez, noble Bourguignon.

Fanfares. Sortent Lear, les ducs de Bourgogne, de Cornouailles et d’Albany, Glocester et leur suite (23).
le roi de france, à Cordélia.

Dites adieu à vos sœurs.

cordélia

— Bijoux de mon père, c’est avec des larmes dans les yeux — que Cordélia vous quitte. Je sais ce que vous êtes ; — et j’ai, comme sœur, une vive répugnance à appeler — vos défauts par leurs noms. Aimez bien notre père : — je le confie aux cœurs si bien vantés par vous. — Mais, hélas ! si j’étais encore dans ses grâces, — je lui offrirais un trône en meilleur lieu. — Sur ce, adieu à toutes les deux !

goneril

— Ne nous prescris pas nos devoirs.

régane

Étudiez-vous — à contenter votre mari, qui vous a jeté, en vous recueillant, — l’aumône de la fortune. Vous avez marchandé l’obéissance ; — et vous avez mérité de perdre ce que vous avez perdu.

cordélia

— Le temps dévoilera ce que l’astuce cache en ses replis. — La honte finira par confondre ceux qui dissimulent leurs vices. — Puissiez-vous prospérer !

le roi de france

Viens, ma belle Cordélia ! —

Il sort avec Cordélia.
goneril

Sœur, j’ai beaucoup à vous dire sur un sujet qui nous