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SCÈNE XXIX.

troisième conjuré.

Monsieur, son insolence, — en briguant le consulat qu’il perdit — faute d’avoir su fléchir…

aufidius.

J’allais en parler. — Banni pour cela, il vint à mon foyer, — tendit sa gorge à mon couteau. Je l’accueillis, — je fis de lui mon associé, je cédai — à toutes ses demandes : je le laissai même choisir — dans mon armée, pour accomplir ses projets, — mes hommes les meilleurs et les plus dispos ; je servis ses desseins — de ma propre personne, l’aidai à recueillir la moisson — qu’il a tout entière accaparée, et mis mon orgueil — à m’amoindrir ainsi ; tellement qu’enfin — je paraissais son subalterne, non son égal, et — qu’il me payait d’un sourire, comme si — j’étais à sa solde.

premier conjuré.

C’est vrai, monseigneur, — l’armée s’en est étonnée. Et, pour comble, — lorsqu’il était maître de Rome, quand nous comptions — sur le butin non moins que sur la gloire…

aufidius.

Justement, — c’est sur ce point que s’étendront contre lui mes récriminations. — Pour quelques larmes de femmes, aussi — banales que des mensonges, il a vendu le sang et le labeur — de notre grande expédition. En conséquence, il mourra — et je me relèverai par sa chute. Mais, écoutez !

Bruit de tambours et de trompettes, mêlé aux acclamations du peuple.
premier conjuré.

— Vous êtes entré dans votre ville natale comme un courrier, — et nul ne vous a fait accueil ; mais lui, il revient — fendant l’air de fracas.

deuxième conjuré.

Et ces patients imbéciles, — dont il a tué les enfants, enrouent leurs vils gosiers — à lui donner une ovation !