Ô mère ! mère ! qu’avez-vous fait ?
Voyez, les cieux s’entr’ouvrent, — les dieux abaissent leurs regards et rient — de cette scène contre nature. Ô ma mère ! ma mère ! oh ! — vous avez gagné une heureuse victoire pour Rome, — mais pour votre fils, croyez-moi, oh ! croyez-moi, — ce succès lui sera bien périlleux, — s’il ne lui est pas mortel. Mais, advienne que pourra !… — Aufidius, si je ne puis plus faire loyalement la guerre, — je veux du moins conclure une paix convenable… Voyons, bon Aufidius, — si vous aviez été à ma place, dites, auriez-vous pu — moins écouter une mère, ou lui accorder moins, Aufidius ?
— J’ai été ému.
J’oserais le jurer. — Ah ! messire, ce n’est pas chose aisée de faire ruisseler — de mes yeux la sueur de la pitié. Mais, bon seigneur, — vous me conseillerez sur la paix qu’il faut faire. Pour ma part, — je n’irai pas à Rome, je veux retourner avec vous, et vous prier — de me soutenir dans cette affaire… Ô ma mère ! ma femme !
Je suis bien aise que tu aies mis ta clémence et ton honneur — en contradiction : je veux du coup relever mon ancienne fortune.
Oui, tout à l’heure. — Nous allons boire ensemble ; et vous rapporterez à Rome — un gage plus sûr que des paroles, la minute — de la transaction contresignée par nous. — Allons, venez avec nous. Mesdames, vous méritez — qu’on vous élève un temple : toutes les épées —