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CORIOLAN.

SCÈNE XXVI.
[La tente de Coriolan.]
Entrent Coriolan, Aufidius et autres.
coriolan.

— Demain, c’est sous les murs de Rome — que nous camperons notre armée. Vous, mon collègue dans cette expédition, — vous aurez à rapporter aux seigneurs volsques la loyauté — de ma conduite en cette affaire.

aufidius.

C’est leur intérêt seul — que vous avez consulté : vous avez fermé l’oreille — à la prière publique de Rome ; vous n’avez pas permis — même un secret murmure à des amis — qui se croyaient sûrs de vous.

coriolan.

Le dernier, ce vieillard — que j’ai renvoyé à Rome, le cœur brisé, — avait pour moi plus que l’amour d’un père : — oui, il me divinisait. Leur dernière ressource — était de me l’envoyer. Par égard pour sa vieille affection, — tout en le traitant durement, j’ai offert encore une fois — les premières conditions qu’ils ont refusées — et qu’ils ne peuvent plus accepter : voilà mon unique faveur — pour un homme qui croyait tant obtenir ! Bien petite — concession, en vérité !… De nouvelles ambassades, de nouvelles prières, — qu’elles viennent de l’État ou de mes amis privés, à l’avenir — me trouveront inflexible.

Clameurs au dehors.

Hé ! quelles sont ces clameurs ? — Tenterait-on de me faire enfreindre mon vœu — au moment même où je le prononce ? Je ne l’enfreindrai pas.