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CORIOLAN.

soudard outrecuidant ne peut pas m’écarter de mon fils Coriolan. Juge, par l’accueil qu’il va me faire, si tu n’as pas chance d’être pendu ou de subir quelque autre mort d’une mise en scène plus lente et plus cruelle. Regarde bien maintenant et évanouis-toi à la pensée de ce qui va t’advenir.

À Coriolan.

Puissent, dans leur glorieux synode, les dieux s’occuper à toute heure de ta prospérité personnelle ! Puissent-ils ne jamais t’aimer moins que ne t’aime ton vieux père Ménénius ! Oh ! mon fils ! mon fils ! tu nous prépares un incendie : tiens, voici de l’eau pour l’éteindre.

Il pleure.

Je ne me suis pas décidé sans peine à venir à toi ; mais on m’a assuré que seul je pouvais t’émouvoir. J’ai été entraîné hors de nos murs par les soupirs, et je viens te conjurer de pardonner à Rome et à tes compatriotes suppliants. Que les dieux bons apaisent ta fureur et en jettent la lie sur ce maraud qui, comme un bloc brut, me refusait accès près de toi !

Il montre le premier garde.
coriolan.

Arrière !

ménénius.

Comment ! arrière !

coriolan.

— Femme, mère, enfant, je ne connais plus rien. Mes volontés — sont asservies à d’autres. Seule, ma vengeance — m’appartient ; ma clémence est — dans le cœur des Volsques. Que le souvenir de notre familiarité — soit empoisonné par l’ingratitude plutôt — que ranimé par la pitié !… Partez donc. — Mes oreilles sont plus fortes contre vos prières que — vos portes contre mes attaques… Pour-