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CORIOLAN.

un chemin jusqu’à sa pitié. S’il a tant répugné — à écouter Cominius, je resterai chez moi.

cominius.

— Il affectait de ne pas me connaître (14).

ménénius, aux tribuns.

Vous entendez ?

cominius.

— Pourtant, une fois il m’a appelé par mon nom : — j’ai insisté sur nos vieilles relations et sur le sang — que nous avions perdu ensemble. J’ai invoqué Coriolan. — Il a refusé de répondre : il était sourd à tous les noms. — Il prétendait être une espèce de néant, n’ayant pas de titre, — jusqu’à ce qu’il s’en fût forgé un dans la fournaise — de Rome embrasée.

ménénius.

Vous voyez. Ah ! vous avez fait de la bonne besogne, — couple de tribuns : vous vous êtes mis à la torture — pour mettre le charbon à bon marché dans Rome. La noble gloire !

cominius.

— Je lui ai représenté ce qu’il y avait de royal à accorder le pardon — le plus inespéré. Il a répliqué — qu’il était indigne d’un État d’implorer — un homme qu’il avait puni.

ménénius.

Fort bien : — pouvait-il dire moins ?

cominius.

J’ai tâché de réveiller sa sollicitude — pour ses amis privés. Il m’a répondu — qu’il ne pouvait s’arrêter à les trier dans un tas — de fumier infect et pourri. Il a dit que c’était folie, — pour un pauvre grain ou deux, de ne pas brûler — un rebut qui blessait l’odorat.

ménénius.

Pour un pauvre grain ou deux ? — Je suis un de ces