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CORIOLAN.

ne le croit pas : il fait d’immenses préparatifs militaires, et espère surprendre les Romains dans la chaleur de leurs divisions.

le romain.

Le fort de l’incendie est passé, mais la moindre chose suffirait à le rallumer ; car les nobles ont tellement pris à cœur le bannissement de ce digne Coriolan, qu’ils sont mûrement disposés à retirer tout pouvoir au peuple et à lui enlever ses tribuns pour jamais. Le feu couve sous la cendre, je puis vous le dire, et est tout près d’éclater violemment.

le volsque.

Coriolan est banni ?

le romain.

Banni, monsieur.

le volsque.

Vous serez le bienvenu avec cette nouvelle, Nicanor.

le romain.

Les circonstances servent puissamment les Volsques. J’ai ouï dire que le moment le plus favorable pour corrompre une femme, c’est quand elle est en querelle avec son mari. Votre noble Tullus Aufidius va figurer avec avantage dans cette guerre, maintenant que Coriolan, son grand adversaire, n’est plus à la disposition de son pays.

le volsque.

C’est certain. Je suis bien heureux de vous avoir ainsi rencontré accidentellement. Vous avez mis fin à ma mission, et je vais avec joie vous accompagner chez vous.

le romain.

D’ici au souper, je vous dirai sur Rome les plus étranges choses, toutes en faveur de ses adversaires. Vous avez une armée sur pied, dites-vous ?