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CORIOLAN.

pour nous tous, complices ou témoins, — l’infamie jusqu’à la fin du monde.

sicinius.

Tout cela porte à faux.

brutus.

— Complètement à côté. Tant qu’il a aimé son pays, — son pays l’a honoré.

sicinius.

Le pied — une fois gangrené, on ne tient pas compte des services — qu’il a rendus.

brutus.

Nous n’écoulerons plus rien. — Poursuivons-le et arrachons-le de chez lui : — empêchons que son infection, contagieuse par nature, — ne se propage.

ménénius.

Un mot encore, un mot. — Dès que cette rage à bonds de tigre reconnaîtra — la folie d’un élan irréfléchi, elle voudra, mais trop tard, — attacher des poids de plomb à ses talons. Procédez dans les formes. — Craignez, comme Coriolan est aimé, de déchaîner les factions, — et de faire saccager la grande Rome par des Romains.

brutus.

S’il en était ainsi…

sicinius, à Ménénius.

Que rabâchez-vous ? — N’avons-nous pas déjà un exemple de son obéissance ? — Nos édiles frappés ! nous-mêmes repoussés !… Allons.

ménénius.

— Considérez ceci : il a été élevé dans les camps, — depuis qu’il peut tenir une épée, et il est mal initié — aux secrets du langage : il jette pèle-mêle — la farine et le son. Autorisez-moi — à aller le trouver, et je me charge de l’amener — pour rendre ses comptes pacifiquement, dans la forme légale, — à ses risques et périls.