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CORIOLAN.

cominius.

Sur ce, à notre tente ! — Avant de nous reposer, il nous faut écrire — nos succès à Rome… Vous, Titus Lartius, — retournez à Corioles, et envoyez-nous à Rome — les notables de la ville qui traiteront avec nous — pour leurs intérêts et les nôtres.

lartius.

J’obéirai, monseigneur.

coriolan.

— Les dieux commencent à se jouer de moi. Moi qui tout à l’heure — refusais des présents royaux, je suis réduit à mendier — une faveur de mon général.

cominius.

D’avance elle est accordée… Qu’est-ce ?

coriolan.

— J’ai logé quelque temps, ici même, à Corioles, — chez un pauvre homme qui m’a traité en ami. — Je l’ai vu faire prisonnier, il m’a imploré ; — mais alors Aufidius s’offrait à ma vue, — et la fureur a étouffé ma pitié. Je vous demande — d’accorder la liberté à mon pauvre hôte.

cominius.

Ô noble demande !… — Fût-il l’égorgeur de mon fils, qu’il soit — libre comme le vent. Délivrez-le, Titus.

lartius.

— Son nom, Marcius ?

coriolan.

Oublié, par Jupiter ! — Je suis las, et ma mémoire est fatiguée. — Est-ce que nous n’avons pas de vin, ici ?

cominius.

Allons à notre tente. — Le sang se fige sur votre visage : il est temps — qu’on y prenne garde : allons !

Ils sortent.