Il en est ainsi de tous les traîtres ; — si leur justification dépendait de leurs paroles, — ils seraient aussi innocents que la pureté même. — Je me défie de toi : que cela te suffise.
— Pourtant votre défiance ne suffit pas à me faire traîtresse. — Dites-moi en quoi consistent les présomptions contre moi.
— Tu es la fille de ton père, et c’est assez.
— Je l’étais aussi, quand Votre Altesse lui prit son duché ; — je l’étais aussi, quand Votre Altesse le bannit. — La trahison n’est pas héréditaire, monseigneur, — et, quand même elle nous serait transmise par nos parents, — que m’importe ! mon père n’a jamais été traître. — Donc, mon bon suzerain, ne me méjugez pas — jusqu’à voir dans ma misère une trahison.
— Cher souverain, veuillez m’entendre.
— Oui, Célia. C’est à cause de vous que nous l’avons retenue, — autrement il y a longtemps qu’elle vagabonderait avec son père.
— Je ne vous priais pas alors de la retenir : — ce fut l’acte de votre bon plaisir et de votre libre pitié. — J’étais trop jeune en ce temps-là pour apprécier ma cousine, —