sa croupe en sueur. Il piaffe, et mord les pauvres mouches dans sa rage fumante. Sa bien-aimée, le voyant si furieux, devient plus aimable, et son courroux s’apaise.
LIV
Son maître qui s’obstine va pour l’attraper, quand brusquement la cavale indomptée, pleine de frayeur, craignant d’être prise, se dérobe vite à lui. Le cheval la suit, et laisse là Adonis. Tous deux se précipitent dans le bois comme des furieux, devançant les corbeaux qui essaient de les dépasser.
LV
Tout essoufflé de sa course, Adonis s’assied, maudissant son impétueuse et indocile bête. Et ainsi fort à propos une nouvelle occasion s’offre à sa langoureuse amante de se soulager par des protestations ; car les amoureux disent que le cœur souffre triplement quand il est privé du secours de la langue.
LVI
Un four qu’on ferme, un cours d’eau qu’on arrête, brûle plus ardemment, s’enfle plus furieusement ; on peut en dire autant d’une douleur comprimée ; une libre échappée de paroles tempère le feu de l’amour ; mais, dès que l’avocat du cœur est muet, le client est brisé par le désespoir.
LVII
Adonis voit venir Vénus et se met à rougir, comme un tison mourant que le vent ravive. Avec son bonnet il cache