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VÉNUS ET ADONIS.

la terre dont les entrailles profondes résonnent comme le tonnerre du ciel. Il broie entre ses dents le mors de fer, maîtrisant ce qui le maîtrisait.

XLVI

Ses oreilles sont dressées ; les tresses pendantes de sa crinière se hérissent maintenant sur son col arqué : ses naseaux aspirent l’air, et aussitôt renvoient comme une vapeur de fournaise ; son œil hautain, qui étincelle comme le feu, montre son ardent courage et son vif transport.

XLVII

Parfois il trotte, comme s’il comptait ses pas, avec une majesté douce et une modeste fierté ; puis il se cabre, se recourbe et bondit, comme pour dire : « Voyez ! telle est ma force, et je fais tout cela pour captiver le regard de cette belle jument. »

XLVIII

Que lui importe l’appel irrité de son cavalier, son caressant holà ! son halte-là ! Que lui importent maintenant les rênes et l’éperon aigu, le riche caparaçon et le harnais splendide ! Il voit sa bien-aimée et ne voit qu’elle ; et seule elle plaît à son regard superbe.

XLIX

Voyez : quand un peintre veut surpasser son modèle en peignant un coursier bien proportionné, son art rivalise avec l’œuvre de la nature, comme si la création ina-