Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
VÉNUS ET ADONIS.

replonge aussi vite qu’il s’est montré, ainsi il fait mine d’accorder ce qu’elle implore ; mais, dès que les lèvres de Vénus sont prêtes pour le paiement, il ferme les yeux et détourne les lèvres.

XVI

Jamais voyageur dans la chaleur de l’été n’eut soif d’eau fraîche autant qu’elle a soif de cette douce concession. Elle voit ce qui la soulagerait, mais ne peut l’obtenir. Elle est toute mouillée, et pourtant il faut qu’elle se consume dans sa flamme : « Oh ! pitié ! s’écrie-t-elle, enfant au cœur de pierre, ce n’est qu’un baiser que je demande ; pourquoi es-tu si timide ?

XVII

« J’ai été suppliée, comme je t’adjure à présent, même par le farouche et terrible dieu de la guerre, dont le cou nerveux n’a jamais ployé dans les batailles, qui triomphe dès qu’il arrive dans toutes les luttes ; eh bien, il a été mon captif et mon esclave, et il a imploré ce que tu auras sans demande. 

XVIII

» Sur mes autels il a déposé sa lance, son bouclier bossué, son cimier indompté, et pour me plaire il a appris à jouer et à danser, à badiner, à folâtrer, à s’amuser, à sourire et à plaisanter, dédaignant son rude tambour et ses rouges enseignes, faisant de mes bras son champ de bataille, et sa tente de mon lit !