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SONNETS.

vie ici-bas. Préparez-vous contre cette fin fatale, et donnez votre douce ressemblance à quelque autre.

Par là, cette beauté, que vous avez à bail, n’aura pas de terme : ainsi vous vous survivrez, après votre décès même, dans cette douce famille qui gardera votre forme douce.

Qui donc laisserait tomber en ruine une maison si belle, quand les soins du ménage pourraient la conserver en honneur contre les rafales des jours d’hiver et la rage funeste de cette bise éternelle, la mort ?

Oh ! nul autre qu’un prodigue ! Cher amour, vous savez, vous avez eu un père : puisse votre fils en dire autant !

CXXXIV

Ce n’est pas des étoiles que je tire mon jugement ; et pourtant, je t’assure, je possède une astronomie ; non pas pour prédire l’heur et le malheur, les pertes, les disettes et le temps qu’il fera ;

Non pas pour dire l’avenir à courte échéance, en annonçant à chacun son tonnerre, sa pluie et son vent, ni pour dire si les princes seront heureux, d’après les présages multipliés que je trouve dans le ciel.

Mais c’est de tes yeux que je dérive ma science : voilà les étoiles fixes où je lis cet enseignement que la vertu et la beauté prospéreront à la fois, si tu fais une réserve de toi-même.