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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE FROISSART.

tout ce qu’il avait fait était passé par son conseil. Adonc lui fut dit qu’il voulût nommer ceux par lesquels il s’était le plus conseillé. Il les nomma, comme celui qui avait espérance d’avoir délivrance de là, et passer, en accusant ceux qui plus l’avaient conseillé. Pour cette fois ils ne parlèrent plus avant : mais s’en alla le duc de Lanclastre en son hôtel et on laissa faire au maire de Londres et aux hommes de la loi : lesquels vinrent en la maison de ville qu’on dit à Londres la Ginalle[1]. Tout premièrement les faits contraires contre le roi, et les articles qui avaient été lus devant lui en la Tour, furent là lus généralement et publiquement, et remontré par celui qui les lut que le roi n’en avait nul débattu, mais avait bien dit que tout ce que consenti avait à faire, le principal conseil lui en avait été donné par quatre chevaliers de sa chambre… Adonc se tirèrent ensemble le maire de Londres et les seigneurs de la loi, et se mirent en la chambre du jugement et furent les quatre chevaliers jugés à mourir et être amenés au pied de la Tour (afin que Richard de Bordeaux les pût voir des fenêtres), et traînés le long de la ville de Londres, et là leur être tranché les têtes, et mises sur glaive au pont de Londres, et les corps traînés au gibet, et là laissés. Ce jugement rendu, on se délivra de l’exécuter. Le maire de Londres et les seigneurs qui à ce étaient députés s’en vinrent au château de Londres, et firent tantôt mettre hors les quatre chevaliers du roi : et furent amenés en la cour, et là chacun attelé à deux chevaux, à la vue de ceux qui en la Tour étaient : qui bien le virent, et le roi aussi : dont ils furent fort courroucés et éperdus. Tous quatre allaient l’un après l’autre : et furent traînés du Châtel allant au long de Londres : et là, sur un étal de pois-

  1. Guildhall.