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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE FROISSART.

et entrèrent dedans la ville petit à petit. Incontinent qu’ils furent retraits en la ville, l’archevêque de Cantorbie prit un de ses hommes, et incontinent l’envoya à Londres pour porter les nouvelles du comte d’Erby. Tous furent réjouis de ces nouvelles : plus de cinq cents Londriens montèrent à cheval et attendaient à grande peine l’un l’autre, de la grande volonté qu’ils avaient de voir le comte d’Erby : lequel comte ne s’arrêta pas à Pleumonde longuement : mais au matin, ils prirent le chemin de Londres, et toujours les Bretons en la compagnie du comte d’Erby… Adonc vinrent toutes gens, hommes, femmes, enfants et clergé (chacun à qui mieux mieux) à l’encontre de lui (tant avaient grand désir de le voir) et cheminaient toutes gens à cheval et à pied si avant qu’ils en avaient la vue, et quand ils le virent, ils crièrent à haute voix : « À joie, à bien et à prospérité, vienne le désiré, monseigneur d’Erby et de Lanclastre ! » De telles paroles était acconvoyé le comte d’Erby, en venant à Londres. Le maire de Londres chevauchait côte à côte de lui, qui grand plaisir prenait au peuple qui ainsi humblement et doucement le recueillait.


Comment le comte d’Erby, nouveau duc de Lanclastre, entreprit le gouvernement du royaume d’Angleterre, et de s’en faire roi à l’aide des Londriens.


Pour venir à la conclusion de la besogne, conseillé fut et avisé qu’on se délivrerait de chevaucher et aller devers le roi, lequel ils nommaient dedans la ville de Londres, et ailleurs, sans nul titre d’honneur, Richard de Bordeaux, et l’avaient les vilains Londriens accueilli en si grand haine qu’à peine pouvaient ouïr parler de lui, fors à sa condamnation et destruction. Le comte d’Erby se fit chef de toute cette armée des Londriens :