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APPENDICE.

en la Tour de Londres, et tous ses faits écrits et mis par article, et, quand ils seront bien examinés, on verra bien clairement qu’il n’est pas digne de porter couronne, ni tenir royaume, car ses œuvres le condamneront, qui sont infâmes.

Les citoyens de Londres eurent secrets consaux ensemble, et avec eux aucuns prélats et chevaliers d’Angleterre : èsquels consaux il fut dit et arrêté qu’on enverrait quérir le comte d’Erby (qui se tenait à Paris, ou là près) et le ferait-on retourner en Angleterre : et lui revenu, on lui remontrerait le mauvais gouvernement de ce mauvais roi Richard, et lui mettrait avant qu’il voulût entreprendre le gouvernement de l’héritage et couronne d’Angleterre. Si fut prié l’archevêque de Cantorbie (Cantorbéry), homme d’honneur et d’excellence et prudence, de faire ce message, lequel, pour le profit commun du royaume d’Angleterre, s’accorda légèrement de le faire, et ordonna ses besognes si sagement que nul ne sut son parlement, fors ceux qui devaient le savoir, et entra en une nef, lui septième tant seulement, à Londres sur la rivière de la Tamise, et passa outre sans péril ni empêchement… et fit tant par ses journées qu’il vint là ou le comte d’Erby se tenait : et crois que c’était à l’hôtel qu’on dit Wicestre (Bicêtre) près Paris…

Quand l’archevêque de Cantorbie vit qu’il fut l’heure de parler de la matière et besogne pour laquelle il était spécialement venu, il tira à part le comte d’Erby : et s’enfermèrent en une chambre, et lui remontra ledit archevêque la débilité du royaume d’Angleterre, et la violence et désolation qui en plusieurs lieux et contrées y étaient, et comment les Londriens y voulaient pourvoir. Quand le comte d’Erby eut ouï tout au long l’archevêque de Cantorbie, il ne répondit point si tôt, mais