Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/504

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
500
EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE FROISSART.

toutes gens et par espécial des Londriens qu’on le voudrait avoir occis…

Quand le roi entendit ces paroles, si mua couleur, et se tourna d’autre part, et puis se vint appuyer sur une fenêtre, et là pensa et musa un espace, et quand il se retourna devers ceux qui parlé avaient avec lui (iceux conseillers étaient l’archevêque d’Iorck, les comtes de Salleberry[1] et de Hostidonne[2] son frère, et trois autres chevaliers de sa chambre), il parla et dit ainsi :

— Je vous ai bien ouïs et entendus, et si je voulais issir hors de votre conseil, je méferais. Considérez et regardez quelle chose est bonne que je fasse.

— Sire, répondirent-ils par l’un d’eux tous, nous avons avisé et regardé pour le meilleur que vous enverrez devers eux, et les ferez obliger qu’ils feront ce que vous en ordonnerez, et vous direz ainsi par sentence que dedans quinze jours le comte maréchal s’ordonne à ce qu’il vide hors d’Angleterre, sans jamais y retourner, ni avoir espoir d’y retourner, et le comte d’Erby pareillement vide hors d’Angleterre, comme banni, dix ans, et quand ce viendra sur le département de la terre dudit comte d’Erby, pour complaire au peuple, vous lui relâcherez la peine de quatre ans et ainsi en demeureront six ans, et de cela vous ne lui ferez nulle grâce. C’est le conseil que nous vous donnons : mais gardez-vous que nullement vous ne les mettiez en armes l’un devant l’autre, car tous maux en pourraient venir et ensuivre.

Le roi d’Angleterre pensa un petit et dit :

— Vous me conseillez loyaument : et aussi ferai-je votre conseil.


Comment le roi Richard d’Angleterre rendit sa sentence

  1. Salisbury.
  2. Huntingdon.