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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE FROISSART.

Simon Burle (qui par les consaux qu’il donna au roi fut décapité), et à messire Robert Trivilien, à messire Nicolas Bambre, à messire Jehan Valourde, et à plusieurs autres : qui conseillé l’avaient, et pour ce morts en étaient, car le duc de Glocestre avait mis grande peine à ceux détruire. Or était-il mort, ainsi que vous savez : dont ceux qui demeurés étaient delez le roi, et qui nuit et jour le conseillaient à leur volonté, n’étaient point courroucés de sa mort, car ils supposaient que nuls n’y contrediraient… À vrai dire, la mort du duc de Glocestre était moult déplaisante à plusieurs hauts barons d’Angleterre : et en parlaient et murmuraient les aucuns souvent ensemble, et tant les avait le roi surmontés que nul semblant n’en osaient faire, car il avait donné à entendre et fait semer paroles, parmi le royaume d’Angleterre, que quiconque en relèverait jamais paroles, tant du duc de Glocestre comme du comte d’Arondel, il serait réputé à faux et mauvais traître, et en l’indignation de lui : tellement que ces menaces en avaient fait cesser moult de peuple.

Ce terme durant, ainsi que le comte d’Erby[1] et le comte maréchal[2] parlaient ensemble de plusieurs paroles, entrèrent de l’un à l’autre ; tellement qu’ils vinrent à parler de l’état du roi et de son conseil qu’il tenait delez lui ; et cuidait le comte d’Erby que les paroles jamais ne fussent révélées, et furent adonc telles :

— Sainte Marie, beau cousin, quelles choses a le roi notre cousin en pensée de faire ? Veut-il mettre hors d’Angleterre tous les nobles ? Il n’y aura tantôt nul ici : et montre tout clairement qu’il ne veut pas l’augmentation de son royaume.

Le comte maréchal ne répondit point à cette parole,

  1. Henry, comte de Derby, surnommé Bolingbroke.
  2. Le duc de Norfolk.