taff, — et nager ainsi contre le courant de votre caractère.
— Chers princes, ce que j’ai fait, je l’ai fait en tout honneur, — guidé par l’impartiale direction de ma conscience ; — et vous ne me verrez jamais mendier — une rémission par de misérables avances ; — si la loyauté et la plus droite innocence ne me protègent pas, — j’irai retrouver mon maître, le roi mort, — et je lui dirai qui m’a envoyé le rejoindre.
Voici venir le prince.
— Bonjour ! et que Dieu garde Votre Majesté !
— Cette parure neuve et splendide, la majesté, — ne m’est pas aussi commode que vous le croyez. — Frères, vous mêlez quelque crainte à votre tristesse ; — c’est ici la cour d’Angleterre, et non de Turquie ; — ce n’est pas un Amurat qui succède à un Amurat ; — c’est Henry qui succède à Henry. Pourtant, soyez tristes, mes bons frères ; — car, à vrai dire, cela vous sied bien ; — vous portez si royalement le deuil — que je prétends en consacrer profondément la mode, — et le porter dans mon cœur. Soyez donc tristes ; — mais n’admettez cette tristesse, chers frères, — que comme un fardeau pesant également sur nous tous. — Quant à moi, par le ciel, je vous assure — que je serai à la fois votre père et votre frère. — Entourez-moi seulement de votre amour, je vous entourerai de ma sollicitude. — Oui, pleurez le Henry mort, et je le pleurerai aussi ; — mais il est un Henry vivant qui convertira ces larmes — en autant d’heures d’allégresse.