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HENRY IV.

le roi.

— Le prince de Galles ! où est-il ? que je le voie ! — Il n’est pas ici.

warwick.

— Cette porte est ouverte ; il est parti de ce côté.

humphrey.

— Il n’a point passé par la chambre où nous nous tenions.

le roi.

— Où est la couronne ? Qui l’a ôtée de mon chevet ?

warwick.

— Quand nous nous somme retirés, mon suzerain, nous l’avons laissée ici.

le roi.

— Le prince l’aura prise. Allez à sa recherche. — Est-il donc si pressé qu’il prend — mon sommeil pour ma mort ? — Trouvez-le, milord de Warwick ; ramenez-le vivement.

Warwick sort.

— Ce procédé de sa part se joint à mon mal — pour hâter ma fin… Voyez, enfants, ce que vous êtes ! — Comme la nature se met vite en révolte, — dès que l’or la tente ! — Voilà donc pourquoi les pères follement vigilants — ont rompu leur sommeil par des préoccupations, leur cervelle par des soucis, — leurs os par le labour ! — Voilà donc pourquoi ils ont thésaurisé et empilé — d’impurs monceaux d’or étrangement acquis ! — Voilà pourquoi ils ont pris soin d’élever — leurs fils dans les arts et dans les exercices guerriers ! — Comme les abeilles enlevant à chaque fleur — son suc généreux, — les cuisses chargées de cire et la bouche de miel, — nous rapportons notre butin à la ruche ; et, comme les abeilles, — nous sommes frappés à mort pour notre peine. Voilà l’amer déboire — que sa prévoyance vaut au père expirant.