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HENRY IV.

péripéties du combat — sont, ne vous déplaise, exposés tout au long dans ces dépêches (78).

Il lui remet des papiers.
le roi.

— Et pourquoi faut-il que ces bonnes nouvelles me fassent mal ? — La fortune n’arrivera-t-elle jamais les deux mains pleines ? — Écrira-t-elle toujours ses plus belles paroles en sombres caractères ? — Tantôt elle donne l’appétit, mais pas d’aliment : — tel est le pauvre en santé ; tantôt elle donne le festin — et retire l’appétit : tel est le riche — qui a l’abondance et n’en jouit pas. — Je devrais me réjouir maintenant de ces heureuses nouvelles, — et maintenant ma vue se trouble, et la tête me tourne. — Oh ! venez près de moi, je me sens bien mal.

Il s’évanouit.
humphrey.

— Du courage, Majesté !

clarence.

Ô mon royal père !

westmoreland.

— Mon souverain lord, revenez à vous, levez les yeux.

warwick.

— Patience, princes !… vous savez que ces attaques — sont ordinaires à Son Altesse. — Éloignez-vous de lui, donnez-lui de l’air ; il sera bientôt rétabli.

clarence.

— Non, non ; il ne peut longtemps supporter ces angoisses. — Les soucis incessants et les labeurs de son esprit — ont tellement usé la cloison destinée à le retenir — que la vie la perce à jour et va s’échapper.

humphrey.

— Les populations m’alarment : elles ont observé — des créatures sans père, des naissances contre nature. — Les saisons ont changé de caractère, comme si l’an-