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SCÈNE X.

il se précipita lui-même, ainsi que tous ceux — qui, soit par jugement, soit à coups d’épée, — ont depuis succombé sous Bolingbroke.

westmoreland.

— Vous affirmez là, lord Mowbray, ce que vous ne savez pas. — Le comte de Herefort était alors réputé — le plus vaillant gentilhomme d’Angleterre. — Qui sait auquel des deux la fortune eût alors souri ? — Mais, quand même votre père eût obtenu là la victoire, — il ne serait pas sorti triomphant de Conventry ; — car le pays entier, d’une voix unanime, — criait anathème sur lui, et concentrait toutes ses prières, — tout son amour sur Hereford qu’il adorait, — et bénissait, et révérait plus que le roi. — Mais ceci n’est qu’une digression hors de mon sujet. — Je viens ici de la part du prince, notre général, — pour connaître nos griefs, pour vous dire de la part de Sa Grâce — qu’elle est prête à vous donner audience. — Toutes celles de vos demandes qui paraîtront justes, — vous les obtiendrez ; et l’on mettra à néant — jusqu’à la supposition de votre inimitié.

mowbray.

— Mais cette offre, il nous a forcés à la lui imposer ; — et elle procède de la politique, non de la sympathie.

westmoreland.

— Mowbray, vous êtes par trop présomptueux de le prendre ainsi. — Cette offre émane de la clémence, non de la peur. — Car, tenez ! voici notre armée en vue ; — et, sur mon honneur, elle est trop confiante — pour donner accès à une pensée de crainte. — Nos lignes comptent plus de noms illustres que les vôtres ; — nos hommes sont plus habiles au maniement des armes ; — nos armures sont tout aussi fortes, et notre cause est la meilleure. — Ainsi, la raison veut que des cœurs soient