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SCÈNE IX.

shallow.

Il m’honore grandement, monsieur ; je l’ai connu excellent homme d’épée. Comment va le bon chevalier ? puis-je demander comment va madame son épouse ?

bardolphe.

Monsieur, pardon ; un soldat est mieux accommodé quand il n’a pas d’épouse.

shallow.

Ma foi, monsieur, voilà qui est bien dit ; et voilà qui est vraiment bien dit. Mieux accommodé ! c’est excellent ; oui, vraiment : les bonnes phrases sont certainement et ont toujours été fort recommandables. Accommodé ! Cela vient d’accommodo : très-bon ; bonne phrase !

bardolphe.

Pardon, monsieur ; j’ai ouï dire ce mot-là. Vous appelez ça une phrase ! Jour de Dieu ! je ne connais pas la phrase ; mais je soutiendrai, l’épée à la main, que le mot est un mot soldatesque, et un mot d’excellente autorité. Accommodé ! c’est-à-dire quand un homme est ce qu’on appelle… accommodé, ou quand il est… dans un état… où il peut être considéré comme accommodé ; ce qui est une excellente chose.


Entre Falstaff.
shallow.

C’est fort juste… Tenez, voici ce bon sir John ! Donnez-moi votre bonne main, donnez-moi la bonne main de votre seigneurie. Sur ma parole, vous avez bonne mine, et vous portez fort bien vos années. Soyez le bienvenu, bon sir John.

falstaff.

Je suis bien aise de vous voir bien portant, mon bon maître Robert Shallow… Maître Surecarte, je crois ?