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SCÈNE VIII.

grabats, — où tu t’assoupis au bourdonnement des mouches nocturnes, — plutôt que dans les chambres parfumées des grands, — sous les dais de la pompe somptueuse, — caressé par les sons de la plus suave mélodie ? — Ô dieu stupide ! pourquoi reposes-tu avec le misérable — sur des lits infects, et abandonnes-tu la couche royale, — comme la guérite du veilleur, comme le beffroi de la cloche d’alarme ? — Quoi ! tu vas au haut des mâts vertigineux — fermer les yeux du mousse et bercer sa tête — dans le rude berceau de la vague impérieuse, — sous le souffle des vents — qui prennent par la crête les lames furieuses, — frisent leur monstrueuses chevelures et les suspendent — aux nuées fugitives avec des clameurs assourdissantes — dont le vacarme réveille la mort elle-même ! — Peux-tu donc, ô partial sommeil, accorder le repos, — dans une heure si rude, au pauvre mousse mouillé, — et, par la nuit la plus calme et la plus tranquille, — en dépit de toutes les sollicitations et de toutes les ressources du luxe, — le refuser à un roi ! Repose donc, heureux d’en bas ! — Inquiète est la tête qui porte une couronne !


Entrent Warwick, Surrey et sir John Blunt.
warwick.

— Mille bons jours à Votre Majesté !

le roi.

— Quoi ! bonjour déjà, milord ?

warwick.

Il est plus d’une heure du matin.

le roi henry.

— Eh bien donc, bonjour à vous tous, milords. — Avez-vous lu les lettres que je vous ai envoyées ?

warwick.

Oui, mon suzerain.