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SCÈNE VII.

dorothée.

Fais-le, si tu en as le cœur ; si tu le fais, je te câlinerai entre deux draps.

Entrent des musiciens.
le page.

La musique est arrivée, messire.

falstaff.

Qu’elle joue !… Jouez, mes maîtres… Assieds-toi sur mon genou, Dorothée. Un misérable gredin de fanfaron ! Le drôle m’a échappé comme du vif-argent.

dorothée.

Oui, ma foi, et tu le poursuivais comme un clocher. Ah ! mon petit putassier, mon cochon mignon de la foire, quand cesseras-tu de te battre le jour et de t’escrimer la nuit, et quand commenceras-tu à emballer ta vieille personne pour le ciel ?


Entrent au fond de la scène le Prince Henry et Poins, déguisés en garçons de taverne.
falstaff.

Paix, bonne Doll ! ne parle pas comme une tête de mort ; ne me fais pas ressouvenir de ma fin.

dorothée.

Çà, dis-moi, de quelle nature est le prince ?

falstaff.

C’est un bon jeune homme bien nul : il aurait fait un bon pannetier, il aurait coupé le pain congrûment.

dorothée.

On dit que Poins a beaucoup d’esprit.

falstaff.

Lui, beaucoup d’esprit ! La peste du babouin ! il a l’esprit aussi épais que de la moutarde de Tewksbury ; il n’y a pas plus de finesse en lui que dans un maillet.

dorothée.

Pourquoi le prince l’aime-t-il tant, alors ?