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HENRY IV.

— était devenu l’accent des vaillants ; — car ceux-là même qui avaient le parler bas et mesuré, — se corrigeaient de cette qualité comme d’une imperfection, — afin de lui ressembler. Si bien que, pour le langage, la démarche, — le régime, les goûts, les plaisirs, — les habitudes militaires, les caprices même de caractère, il était le modèle et le miroir, la copie et le livre, — qui guidaient tous les autres. Et c’est lui, ce prodige, — ce miracle de l’humanité, que vous avez abandonné ! — Lui, qui n’eut jamais de second, vous ne l’avez pas secondé ! — Vous l’avez laissé affronter l’horrible dieu de la guerre — avec tous les désavantages, et soutenir seul une lutte — où il n’avait d’autre arme que le bruit — du nom d’Hotspur ! C’est ainsi que vous l’avez abandonné ! — Oh ! non, non, ne faites pas à son ombre l’injure — de tenir parole plus scrupuleusement — aux autres qu’à lui. Laissez-les seuls. — Le maréchal et l’archevêque sont forts. — Si mon bien-aimé Harry avait eu seulement la moitié de leurs troupes, — je pourrais aujourd’hui, pendue au cou de mon Hotspur, — parler du tombeau de Monmouth !

northumberland.

Honni soit votre cœur, — ma gracieuse fille ! Vous m’ôtez mon courage, — en déplorant à nouveau d’anciennes fautes. — Mais il me faut partir et faire face au danger ; — où il m’ira chercher ailleurs, — et me trouvera moins bien préparé.

lady northumberland.

Oh ! fuyez en Écosse, — jusqu’à ce que les nobles et les communes en armes — aient fait une légère épreuve de leur puissance.

lady percy.

— S’ils gagnent le terrain et s’ils prennent l’avantage sur le roi, — alors, adjoignez-vous à eux, comme une côte d’acier, — pour les rendre plus forts ; mais au nom de